Le Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain de Rabat a accueillie une exposition hommage à l’artiste marocain Hassan El Glaoui intitulée Le Sel de ma Terre. Cette exposition parcourt sept décennies du travail de l’un des premiers artistes figuratifs du Maroc, qui a exposé à Paris dès 1950 et à New York dès 1951, et présente une centaine d’œuvres datant de 1940 à 2010. Cette exposition offre une occasion rare de plonger dans le travail intime et public du peintre décédé le 21 juin 2018.
Hassan El Glaoui : Le Sel de ma Terre revient sur deux aspects clés de la vie et du travail du peintre : d’une part son travail de portraitiste, qui s’est attelé sa vie durant à peindre des personnages de son entourage intime (sa femme et ses filles notamment, ou certains amis) tout autant que des scènes d’intérieur propres à la vie au Maroc dans les années 1940 et 1950 ainsi que des natures mortes. Ces tableaux dévoilés dans l’exposition, chers à l’artiste, furent très peu montrés de son vivant.
Le Sel de ma Terre présente par ailleurs une large sélection d’œuvres s’intéressant à la vie culturelle et politique de son pays et de son temps, témoin que fut Hassan El Glaoui, par sa naissance et ses passions, de certains moments et traditions du Maroc de ces dernières décennies. Né à Marrakech en 1923, fils de Thami El Glaoui, Pacha de Marrakech, Hassan El Glaoui s’installe en 1952 à Paris, sur les conseils du Premier Ministre Britannique Winston Churchill, ami de son père, qui décèle chez lui un goût et un talent pour la peinture. En France, il suit les cours de dessin de Jean Souverbie, professeur à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Paris, ainsi que de la peintre Emilie Charmy, deux influences dont il se revendiquera sa vie entière. Les sujets de ses peintures les plus reconnues, dont une large sélection est présentée dans Le Sel de ma Terre, s’intéressent à la vie publique des figures politiques de l’époque, et notamment du Roi, dont il représente certaines sorties publiques.
Son autre sujet de prédilection, qui le suivra sa vie entière, est les chevaux, pour lesquels il développe une fascination dès l’enfance, et tout particulièrement les fantasias. Hassan El Glaoui a, durant toute sa vie de peintre, raconté et représenté cette tradition équestre berbère très ancienne de simulations d’assauts militaires prenant la forme de parades, encore bien vivante dans le Maroc d’aujourd’hui.
Calèche et Koutoubia 1969-1970
60x 73 cm
Huile sur toile
©Estate Hassan El Glaoui
Chevaux de Cirque, Paris
Circa 1950-1955
64 x 48 cm
Gouache sur canson
©Estate Hassan El Glaoui
Son travail est notamment décrit par l’écrivain français Jean Anouilh en ces mots : « Je crois que cette recherche obscure et étonnée d’un souvenir perdu au fond de l’enfance – ou pour certains génies, au fond d’une autre vie d’avant la mémoire – est la clef de l’œuvre d’art et lui donne son prix, inexplicable, au-delà même des réussites formelles. »
Quant à l’écrivain, poète et peintre franco-marocain Tahar Ben Jelloun, il dit en 2011 : « La peinture de Hassan El Glaoui suggère des lumières, une musique qui s’empare des couleurs du pays et nous propose un voyage bleu, bleu comme la terre ocre de Marrakech, bleu comme le ciel qui descend jaune, rouge, blanc sur une scène grandiose où des chevaux et des hommes, des visages d’enfance et des bouquets de fleurs, des objets uniques peuplent l’imaginaire d’un homme qui regarde le temps s’éclipser et cherche à le retenir là, sur une toile même si elle déborde et qu’elle semble inachevée. »
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