Le Musée Mohammed VI d’art Moderne et Contemporain confronte pour la première fois, trois artistes femmes, avec trois parcours à la fois similaires et différents, à travers l’exposition « Chaïbia Talal, Fatima Hassan El Farrouj, Radia Bent Lhoucine : voyage aux sources de l’art ».
Liées par une même appartenance identitaire, toutes trois d’origine rurale sont imprégnées de tradition orale, de savoir-faire traditionnels. Porteuses de ce langage inné du signe lié à l’artisanat et aux expressions populaires dont, notamment, le henné, le tatouage, le tissage, la broderie, elles sont confrontées presque par hasard à la pratique artistique, à travers leurs proches.
Accédant à la formation artistique de manière discontinue et empirique, elles complètent leur initiation à la couleur et à la matière au contact d’artistes passionnés par les nouvelles voies de l’art des années 60 ou 70. Sans complexe, elles ont su surmonter l’obstacle d’autodidacte pour donner naissance à un « art spontané ». Elles nous offrent, dans la joie de leurs couleurs et l’audace de leurs expressions, une peinture réellement libre, capable de transcrire sur la toile la force de l’oralité et la fantaisie de leurs imaginaires. Par ailleurs, toutes exercent une certaine forme de lutte pour l’émancipation de la femme à travers l’art.
Ces femmes artistes dépassent la narration vers une transmutation, une caractérisation du réel. Si toutes trois avaient une multitude de points en communs, il n’en demeure pas moins que chacune d’entre elles incarnait une sensibilité particulière et se caractérisait par un traitement pictural singulier. A travers un accrochage qui confronte leurs regards sur les différentes thématiques de leur répertoire de représentation, ce sont trois parcours lumineux qui se dessinent : trois empreintes fondatrices de l’art marocain de la deuxième moitié du XX° siècle, trois voix pionnières.
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